Market Update – 10 Mars 2019

Marchés Actions US

La chute des résultats au Q4 2018 se poursuit. Nous avons encore perdu -1,66 (-5%) pour passer de 30,38$ à 28,72$ d’EPS (Earnings Per Share ou Bénéfice Par Action, BPA). Nous avons commencé cette saison des annonces de résultats avec un BPA Q4 estimé à 36,7$. Et le résultat est sans appel : -22% ! Nous avons perdu 8 dollars par action, soit environ 65 milliards de dollars de bénéfice par rapport aux estimations pré-earnings. Cela fait beaucoup d’argent. Et il semble que ce ne soit pas uniquement lié aux rapatriation tax. Ma prédiction pessimiste reposait sur le fait que la dynamique dollar / pétrole était similaire à celle de 2015 : les bénéfices liés aux entreprises du secteur de l’énergie s’effondreraient du fait de la baisse soudaine des prix du pétrole et la force du dollar affecterait les ventes à l’étranger. C’est en réalité un double revers que les USA subissent en Europe : non seulement les ventes sont en baisse parce que l’Europe ralentit (le discours de la BCE l’a confirmé cette semaine avec le retour du QE), mais le dollar fort aggrave les choses. Ajoutez à cela une courbe des taux aplatie qui tue les bénéfices des financières (XLF) et vous obtenez un joli petit trio baissier pour les bénéfices de S&P500. Le bénéfice d’exploitation des financières est passé de 9,92$ au troisième trimestre à 4,34$ au quatrième trimestre (contre 6,64$ au dernier trimestre de 2017). Alors que le marché reste sous pression et que l’économie américaine ralentit, croyez-moi, la chute des résultats financiers ne fait que commencer.

Il reste encore un mois avant les résultats du Q1 2019, mais je peux déjà vous dire que nous aurons également des écarts massifs par rapport aux prévisions de résultats. La raison en est que la photo dollar / pétrole n’a pas changée du tout. Les comparaisons d’une année à l’autre pour le pétrole restent négatives et pour le dollar, positives. Les valeurs financières continueront d’être sous tension. Les projections de BPA du Q1 n’ont pas encore été revues à la baisse pour refléter cette réalité. Le Q4 a baissé de 8 dollars, le Q1 fera au moins -4 dollars. Nous sommes à 34,7$ sur le Q1, donc cela sera au mieux à 30$. Mais je pense que cela sera même bien en dessous. Il y a généralement une hausse de 2 à 3 dollars entre le T4 et le T1 mais je pense que les finances vont vraiment gâcher la situation année. N’oubliez pas que la courbe de taux est plus plate au premier trimestre et que la croissance du PIB tourne à 0% et non plus à 2,5% comme au quatrième trimestre. Le premier trimestre sera donc une nouvelle grosse déception pour les annonces de résultats. La différence cette fois-ci est que les analystes devront alors abaisser leurs prévisions pour le Q2, Q3 et Q4. Nous parlons donc d’une réduction de 10 à 20 dollars sur le BPA de l’année 2019. C’est juste massif. Nous parlons de passer de 154$ actuellement projetés à 135 $ pour 2019. Le marché est maintenant plus cher sur la base des bénéfices prévisionnels que sur la base des bénéfices historiques ! Avec cette dernière baisse, un PER de 20 sur le S&P500 sera atteint à 2650 points, soit environ 100 points de moins que le niveau actuel ! Pour descendre à 18 de PER (plus logique dans un marché avec des résultats en baisse YoY), le marché doit s’échanger à 2350.

Les deux prochains mois devraient être brutaux sur les marchés, du fait de la dégradation des bénéfices. C’est marrant d’entendre un certain nombre de commentateurs boursiers qui se plaignent que les guidances (perspectives) des entreprises soient trop conservatrices pour 2019… Ils ont sans doute loupé Draghi qui a indiqué une baisse de la croissance prévisionnelle de la zone euro de 1,7% à 1,1%. Cette baisse représente une dégradation de 800 milliards d’euros de PIB. Cela signifie que 400 milliards de dollars de revenus perdus pour les grandes entreprises américaines et européennes ! C’est beaucoup d’argent. Et Draghi est plutôt optimiste ! La Chine a downgradé sa croissance de 6,5% à 6% soit 50 bps, ce qui représente une perte supplémentaire de 600 milliards de la production intérieure et donc un impact de -300 milliards de chiffre d’affaires pour les grandes entreprises. Powell (FED) a revu à la baisse la croissance américaine de 2,9% à 2,2%, soit une réduction de 70 points de base. Cette baisse de 70 bps correspond à une production de 1,4 billion de dollars. Cela représente 700 milliards de dollars de revenus en moins pour le S&P500. Les banquiers centraux viennent de vous dire que les grandes entreprises perdraient 1,5 billion de dollars en 2019 par rapport à 2018 et que les économies perdraient près de 3 000 milliards de PIB projeté… Tout ceci me fait penser à une autruche.

Si on regarde le BPA historique du S&P500 au Q4 :

28,72$ en 2018

26,96$ en 2017

26,48$ en 2013

24,16$ en 2016

22,83$ en 2014

Tout le reste est en dessous de 20…depuis…la création du S&P500 !

Savez-vous à quel niveau est actuellement fixé la prévision du BPA au Q4 2019 ? 41,4$ ! Cela représente une augmentation de 44% d’une année sur l’autre. Après le meilleur chiffre de l’histoire en 2018 ! De 2017 à 2018, dans une année avec une croissance de PIB de 3%, la meilleure année économique en dix ans le BPA du Q4 n’a augmenté que de + 6%. Quelle genre d’économie faudrait il pour avoir pour une augmentation de 44% des résultats en 2019 après un record en 2018. Une économie en croissance de 10% du PIB ? Les impôts sur les sociétés à zéro ? Même avec une réduction d’impôt historique de 35% à 21%, le S&P500 ne pourrait pas augmenter ses bénéfices de plus de 10%. Si quelqu’un peut m’expliquer le rationnel de cette hausse prévue de 44%, je suis preneur…

Niveaux de marché

La FED a joué la carte de la pause. Trump a joué la carte de la détente avec la Chine. Toutes les principales données sur les résultats sont derrière nous. Le rapport sur l’emploi est derrière nous. Il ne reste donc que les mots et les rumeurs pour sauver la face. Mais nous sommes dans une phase où les mots vont avoir de moins en moins d’importance. Lorsqu’il n’y a pas de bénéfice, les cours des actions baissent, ça prend du temps mais ça se finit toujours comme ça.

Nous sommes passés de la phase de transition du marché haussier au marché baissier, qui a pris toute l’année 2018, et nous en sommes maintenant aux débuts du marché baissier. Comme il n’y aura pas de données statistiques d’importance au cours des deux prochaines semaines, Trump risque de faire du bruit dans le cadre de l’accord commercial avec la Chine. Toutefois, Trump a complètement démoli sa crédibilité et les investisseurs vont probablement chercher au-delà du «deal» vers d’autres problèmes.

Les niveaux et objectifs clés du S&P500 sont assez clairs. Le marché est baissier jusque sur la zone de la Moyenne Mobile MM50/MM100 jours (2673) où le marché pourrait trouver un support temporaire pendant quelques jours. En dessous de la MM50/MM100 jours, il n’y a plus vraiment de zone de support. C’est à 2600 que le S&P500 a trouvé un support deux fois au quatrième trimestre, mais il s’agit d’un niveau de support très faible. En dessous de 2600, on descend tout droit vers 2450 où se trouve le le bas de la Bande de Bollinger 50, 2. Ensuite 2350, là où le point bas de décembre a été atteint.

À la hausse, on repasse en long au-dessus de la MM200 (2750) et au-dessus de la MM10 (2780). Si nous dépassons 2780 points, le rallye qui a débuté en janvier se poursuivra peut-être. Mais compte tenu de l’effondrement des résultats et de la lourdeur des indicateurs techniques qui plaident l’inverse, je ne suis pas très confiant dans ce scénario. Les sociétés Small Caps (IWM) et Transports (IYT) commencent à sous-performer significativement le S&P500. Les macro caps (Dow Jones) surperforment. C’est une posture habituellement défensive.

 

Indicateurs sur la volatilité

 

Le tableau de bord de la volatilité est passé du vert au jaune car le S&P500 a perdu de l’altitude. Le VIX s’est vendu fort vendredi en fin de journée malgré une bonne vigueur tout au long de la séance. Le VIX est très dangereux au-dessous du niveau de 20. Les gains ne durent tout pas et les pauses dans le déclin du S&P500. Premièrement, le VIX doit créer une base à partir de laquelle les pics de volatilité naîtront. La semaine dernière a simplement été le début de ce processus après les mois de janvier et février qui ont été violents pour le VIX. Il faut une courbe de volatilité inversée pour être vraiment long sur le VIX avec le VXXB. Il est beaucoup plus facile de contrôler les pertes et donc de rester en pole position pour tirer parti d’une baisse du S&P500 avec un tracker inversé.

Trading sur la volatilité

La méthode Volatility Fusion avait envoyé un signal de short VXXB le 1er mars et j’avais décidé d’attendre l’ouverture du 4 mars, et je n’ai finalement pas pris le trade.

L’algorithme a d’ailleurs renvoyé un signal de fermeture le soir même avec un trade perdant (-2,43%), ouvert à 29,98$ et fermé à 30,71$.